Association québécoise du cheval canadien

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gÉnÉtique des robes chez le canadien

 Le casse-tÊte des robes chez le Canadien

par Nathalie Levesque
nathalielevesque@rocketmail.com

Note de l'auteure

Les termes anglais sont spécifiés, car, à ce jour, c'est dans cette langue que la littérature est la plus spécialisée en matière de génétique des robes. Les termes français ne sont indiqués que pour faciliter la lecture et dans un souci de francisation. Les nomenclatures officielles actuelles en langue française sont malheureusement encore souvent très imprécises.

De plus, il faut être conscient que certains phénomènes visibles dans le phénotype sont encore mal définis au niveau du génotype (le mealy/pangare en est un exemple). À cette heure, de nombreux spécialistes travaillent à continuer à décoder tous ces éléments.

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Introduction

Bai, noir, brun, alezan, gris, palomino, isabelle, cremello, perlino,… toutes les robes sont définies dans les gènes. Pendant des siècles, l'homme a tenté de mettre des mots sur les palettes de teintes qu'il pouvait voir dans ces poils et ces crins et, encore aujourd'hui, cela demeure un beau casse-tête, car il y a toujours ces cas qui nous rendent perplexes. Les études en génétique ont permis de comprendre un grand nombre de phénomènes en cette matière, mais il reste encore beaucoup de travail à accomplir, car nombre de facteurs génétiques sont encore à élucider. La nouvelle série d'articles Le casse-tête des robes chez le canadien se veut une explication sommaire et simplifiée des robes de la race Canadienne. Les articles seront présentés au fil des prochains numéros du journal.

En introduction, il serait convenable de présenter quelques généralités sur la génétique qui nous permettront de mieux comprendre les éléments qui seront expliqués dans la série.

Gènes, allèles : les pièces du puzzle

Chaque gène est un morceau du code qui dira comment sera montée la construction moléculaire d'un organisme vivant. Le gène est une séquence d'ADN. C'est, en quelque sorte, un élément de la programmation.

Les différentes versions d'un gène sont appelées « allèles », ils occupent le même locus (emplacement) et cette information génétique est portée par le même chromosome. Les gènes d'un individu sont présents par paire, un élément de chaque paire vient de la mère et l'autre vient du père. Si les deux versions (allèles) d'un gène sont identiques sur la paire, on dit que l'individu est homozygote pour le gène en question. Si les deux versions (allèles) sont différentes sur la paire, on dira, alors, que l'individu est hétérozygote.

La génétique est diversifiée en plusieurs branches de recherche (génétique du développement, génétique médicale, génomique,…). Pour l'identification des robes, on se penche surtout sur la composante génétique et son héritabilité (hérédité mendélienne).

Génotype et phénotype

L'ensemble des gènes d'un individu est appelé le « génotype ». Ce qui nous apparaît à l'oeil nu, quand on regarde ce même individu, est appelé le « phénotype ». L'expression génétique s'effectue selon la lecture de l'information héréditaire (qui se trouve dans les gènes) par les processus biochimiques. Deux individus ayant le même génotype peuvent présenter des différences au niveau du phénotype, donc présenter des différences dans leur aspect physique, car l'expression des gènes s'effectue dans une gamme de variation. Il faudra toujours se souvenir de cet aspect quand on analysera la robe d'un cheval.

Même si la couleur et la teinte des poils et des crins (phénotype) peuvent nous donner des indices sur la robe d'un cheval, notre oeil peut facilement nous tromper. C'est dans la génétique que se trouvent les éléments les plus sûrs pour son identification. Il existe, d'ailleurs, des tests pour certains éléments génétiques des robes.

Dans cette série d'articles, seront présentées les robes du cheval Canadien, seront volontairement laissées de côté les robes équines soupçonnées absentes de cette race. L'auteure n'est pas généticienne, seulement une passionnée de l'identification des robes qui souhaite partager ses connaissances en ce domaine.

Journal de L'AQCC, Septembre 2009, page 19 [Voir la version PDF de l'article Introduction]

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Partie 1 : Noir ou alezan?

Pour briser la glace, parlons tout d'abord de la base pigmentaire de toutes les robes équines : noir (eumélanine) ou rouge (phéomélanine). Toutes les robes équines, d'apparence blanche à noire, d'alezane à palomino, tachetées de blanc ou pas ont cette pièce de puzzle : le pigment de base est noir ou rouge. Ce sont d'autres pièces de ce casse-tête, des dilutions, des patterns et des modifiants, qui vont affecter le pigment de base pour en faire les différentes robes.

L'eumélanine peut s'exprimer d'un brun très foncé à noir corbeau (nous la désignons sous le terme « noir », mais, l'expression visuelle peut se faire dans une certaine variation). Dans les robes dont le pigment de base est d'eumélanine, nous comptons le noir (black), le bai (bay), l'isabelle (buckskin), le perlino, le réglisse (smoky black), le crème fumé (smoky cream),…

La phéomélanine peut s'exprimer d'un alezan clair à foncé (nous la désignons sous le terme « rouge », mais, comme pour l'eumélanine, l'expression visuelle peut se faire dans une palette de variations). Dans les robes dont le pigment de base est de phéomélanine, nous comptons l'alezan (chestnut, sorrel), le palomino, le cremello,…

Pour simplifier, nous parlerons dans cet article spécifiquement du noir et de l'alezan, puisque toutes les autres robes sont produites avec l'addition de dilutions ou de modifiants qui seront présentés dans les articles à venir dans les prochains numéros.

La paire génétique « extension »

C'est le gène nommé « extension » qui contrôle la production du pigment de base. Au locus, se présente une paire d'allèles, chacun d'eux peut être soit noir (E) ou rouge (e).

Noir

Le noir (E) est le gène dominant. Ainsi, un cheval noir (black) a, au locus extension, soit une paire EE ou une paire Ee, donc a deux allèles noirs ou bien un allèle noir et un rouge, puisque le noir est le dominant des deux allèles (le rouge est dit « récessif »). Le cheval noir EE est dit noir homozygote, le cheval noir Ee est dit noir hétérozygote. À l'oeil, il n'y a absolument aucune différence entre un cheval noir homozygote et un cheval noir hétérozygote, ça ne les rend ni plus ni moins noir au niveau de la teinte.

Un cheval noir peut pâlir au soleil (fading black), il n'en est pas moins noir au niveau génétique. Il faut vraiment faire la différence entre une palette de couleurs et la composition génétique, entre phénotype et génotype.

Alezan

Le rouge (e) est récessif. Le pigment de base ne sera de phéomélanine qui si la paire est homozygote (ee). Il faut donc deux copies e pour que le cheval soit alezan.

Les alezans (chestnut, sorrel) ne sont pas tous roux, la teinte peut s'exprimer du clair au foncé et dans différentes nuances de rouge. On voit souvent des haflingers d'un alezan tellement clair qu'ils semblent dorés, comme on voit parfois des chevaux alezans brûlés très foncés qui semblent presque noirs (liver chestnut), les teintes foncées de l'alezan sont souvent combinées avec le modifiant «cendré/souillé» (sooty/ smutty) qui peut foncer la robe en des endroits spécifiques, peut créer du pommelage cendré, peut causer des poils noirs sur le corps ou dans le crin, peut créer des ombrages dans la robe le long de la ligne dorsale ou peut foncer la robe de manière uniforme. (L'auteure utilise les termes « cendré » et « souillé » en l'absence de termes français associés au sooty/smutty.) Ce modifiant peut affecter toutes les robes pigmentées (bai, isabelle, noir, etc.), mais il ne change pas la nomenclature de base de la robe. Un alezan « cendré » (sooty chestnut) demeure un alezan.

Un autre modifiant qui peut affecter la robe d'un alezan est le pangaré (mealy/pangare). Ce modifiant pâlit certaines parties de la robe de manière localisée, notamment au niveau du bout du nez, du tour des yeux, du ventre, de l'intérieur des cuisses,… Le pangaré peut aussi modifier d'autres robes que l'alezan. Tout comme pour le « cendré/souillé », ce phénomène génétique visible sur la robe d'un alezan ne modifie pas sa nomenclature de base : un alezan pangaré demeure un alezan.

Bien sûr, les teintes peuvent être décrites de différentes manières dans la littérature pour nous aider à mettre des mots sur le phénotype. Sont parfois utilisés les termes « alezan clair » (pour les teintes les plus claires), « alezan doré » (lorsque la teinte se rapproche du doré), « alezan cuivré » (pour les teintes les plus rousses) et « alezan foncé » ou « brûlé » (pour les teintes les plus sombres). Ce sont des descriptions basées sur le phénotype. Pour faciliter l'analyse des robes, rappelons-nous seulement de les regrouper sous la nomenclature générique « alezan ».

La couleur des crins d'un alezan peut être de la même teinte ou un peu plus claire ou plus foncée que le corps. Pour les alezans à crins blonds, on parle souvent de « crins lavés » (flaxen). D'ailleurs, plusieurs de ces alezans à crins lavés (flaxen chestnut) peuvent facilement être mépris pour des palominos, alors qu'ils n'en sont pas.

Questions/Réponses

Un étalon noir et une jument noire peuvent -ils avoir un poulain alezan?

Oui, puisqu'un cheval noir peut être porteur du gène récessif « rouge ». Donc, si l'étalon et la jument sont hétérozygotes pour le noir (tous les deux Ee) et qu'ils donnent au poulain tous les deux le e de leur paire au lieu du E, le poulain sera de base rouge (dans les probabilités, donc, si les deux reproducteurs sont hétérozygotes pour le noir : une chance sur quatre que le poulain soit de base rouge). Il y a donc possibilité de poulain alezan.

Un étalon alezan et une jument alezane peuvent avoir un poulain de quelle couleur?

Puisque les parents sont tous les deux ee (l'alezan étant absolument homozygote sur le locus extension), ils n'ont que des e à donner à leur progéniture et ils ne pourront avoir ensemble que des poulains ee. La robe alezane étant, par définition, une base de phéomélanine ni modifiée ni diluée par un autre phénomène génétique la transformant vers une autre dénomination (palomino, cremello, gris,…), ils n'ont donc rien de tel à transmettre à leur progéniture. À tous les coups, le poulain sera alezan (bien sûr, on ne tient pas compte, ici, de jeunes reproducteurs dont le grisonnement visible serait tardif ou des patterns blancs qui seront abordés dans un autre article).

Journal de L'AQCC, Septembre 2009, pages 20-21 [Voir la version PDF de l'article Partie 1]

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Partie 2 : Les modifiants bai et gris

Dans le numéro de septembre, nous avons expliqué quelques notions générales sur la génétique des robes ainsi que la composition génétique des deux pigments de base : noir (Ee, EE) et rouge (ee). Chaque cheval, peu importe sa robe, possède cette paire génétique du locus extension qui gouverne la teneur de sa pigmentation de base (eumélanine ou phéomélanine). Nous avons aussi expliqué que les robes noires et alezanes sont, en fait, des robes de base et que pour que la robe du cheval soit visuellement noire ou alezane, elle ne doit pas être affectée par d'autres phénomènes génétiques qui nous amèneraient à en changer la nomenclature. En effet, toutes les autres robes de chevaux (bai, gris, palomino, cremello, et autres) sont le résultat de l'action d'un ou de plusieurs gènes modifiants ou diluants ou de la présence de patterns blancs. Ces gènes, qui se trouvent sur d'autres paires génétiques, peuvent modifier, diluer ou affecter la pigmentation de la robe de base pour créer toute la palette de diversité des robes équines connues.

Outre les gènes de dilution (comme le crème) et les patterns blancs (sabino, rabicano, etc.), on retrouve chez les chevaux des modifiants tels: l'agouti (qui donne la robe « bai »), le gris (grey), le pangaré (mealy/pangare), le cendré/souillé (sooty/smutty) et le flaxen (qui donne les crins lavés chez les alezans). Le pangaré, le cendré/ souillé et le flaxen ont été présentés dans le numéro de septembre (voir le numéro de septembre 2009 pour plus de détails). Dans le texte qui suit, nous nous pencherons plutôt sur deux autres modifiants présents dans la race Canadienne, soit l'agouti et le gris.

L'AGOUTI

Le gène agouti contrôle la distribution du pigment noir sur le corps du cheval. Sur la paire génétique, peuvent se présenter différents allèles (versions) du gène. L'allèle récessif « a » distribue le noir de manière uniforme sur le corps. Comme nous l'avons vu dans le numéro précédent, un cheval noir est un cheval qui a une base pigmentaire d'eumélanine (Ee ou EE), mais ajoutons aussi qu'il doit posséder, au locus du gène agouti, seulement l'allèle récessif « a » (aa), car si la paire contient l'un des allèles dominants, sa robe noire sera modifiée. Mais quels sont donc ces allèles dominants agouti présents dans la race Canadienne?

Allèle « A » : Le bai

L'allèle dominant « A » restreint le noir aux extrémités (partie inférieure des membres, queue, crinière, pointe des oreilles) tel que vu chez les chevaux bais. Un cheval bai est donc un cheval qui a une base pigmentaire noire (Ee ou EE) et qui a aussi au moins un allèle dominant « A » sur la paire génétique agouti. Le cheval bai peut avoir un seul exemplaire de cet allèle dominant (Aa) ou deux exemplaires (AA), donc être hétérozygote ou homozygote pour ce gène.

Le bai s'exprime dans une palette de teintes : bai clair, bai cerise, bai brun, … Dans tous les cas, le pigment noir est restreint aux extrémités par l'allèle dominant « A ». D'autres modifiants, tels le cendré/souillé (sooty/smutty), peuvent venir introduire des variations. Un « bai cendré/ souillé » (sooty bay) pourrait alors, aussi, porter sur son corps des zones ombragées dont la pigmentation semble noire, par exemple le long de la ligne dorsale, sur la croupe ou ailleurs sur le corps.

Allèle « At » : Le brun phoque

Sur la même paire génétique de l'agouti peut aussi se présenter l'allèle At. Il s'agirait d'une mutation moins restrictive sur le pigment noir, elle serait responsable de la robe brun phoque (seal brown). On l'appelle ainsi, car son apparence se rapprocherait de celle de jeunes phoques en mue. Un cheval seal brown a les crins et le corps de teinte noire ou brun-noir avec des zones feu/fauve autour des yeux et du bout du nez, ainsi qu'au niveau des flancs, du ventre, de l'entrecuisse. Comme dans tous les phénomènes génétiques, il y a des variations dans l'expression du gène et certains chevaux ont des zones fauves moins étendues que d'autres. Le cheval seal brown peut avoir un seul exemplaire du gène (aAt) ou deux exemplaires (At At). Par contre, généralement, si le cheval possède aussi l'allèle dominant du bai (donc une paire AAt), l'action plus restrictive de ce gène voile la présence du At et le cheval semblera simplement bai. Ainsi, il est possible qu'une jument ou un étalon d'apparence bai donne un poulain seal brown.

L'agouti n'a absolument aucun effet sur les robes à la base pigmentaire rouge (alezan, palomino, cremello,…), il n'agit que sur le noir. Un cheval alezan peut être porteur de l'un des allèles dominants de l'agouti (bai, seal brown), mais cela ne pourra être visible sur son corps, puisqu'il n'y a pas de pigment noir à affecter. Il pourra, cependant, le transmettre à sa progéniture.

LE GRIS

Le gène gris produit une dépigmentation progressive des poils de la robe. Le cheval naît généralement d'une robe autre (noir, alezan, bai, palomino,…) et se met à grisonner progressivement au fil du temps, quelques poils blancs s'introduisant dans la robe au début du processus (souvent, cela commence par la tête), puis le grisonnement envahissant toute la robe. Chez certains sujets, presque tous les poils deviennent complètement blancs après plusieurs années, chez d'autres, il restera toujours des traces de pommelage ou des petites taches de pigmentation. L'évolution de la dépigmentation est variable d'un individu à l'autre, certains chevaux grisonnent plus rapidement que d'autres.

La robe grise peut avoir différentes apparences, souvent liées au stade de grisonnement. Ainsi, le gris fer est une robe foncée souvent associée aux jeunes chevaux qui commencent à grisonner. Le gris pommelé, pour sa part, indique que des zones de poils plus blancs s'introduisent dans des zones de poils plus foncés, la dépigmentation progressive continuera à éclaircir la robe au fil des ans, donnant l'impression que le « pommelage » s'estompe. Le gris « blanc » est la phase la plus avancée du grisonnement. Il existe, aussi, le gris truité qui conserve des petites taches de pigmentation dans la robe, des milliers de petits « points » noirs, roux (selon la couleur originale de la robe du cheval). Ce gris, souvent mépris pour un motif appaloosa, est assez fréquent chez le cheval arabe et certaines autres races, alors qu'il est plus rare dans d'autres. Cependant, il n'est pas impossible qu'un Canadien en cours de grisonnement montre, à un moment donné ou un autre de son processus de grisonnement, quelques minuscules taches pigmentées de ce genre.

Le gris G est dominant. À partir du moment où le cheval a un exemplaire du gène dominant sur la paire génétique, il deviendra gris. Des études indiquent, cependant, que les chevaux qui ont deux exemplaires de ce gène sur la paire génétique (GG) tendent à s'éclaircir jusqu'à devenir presque blancs, alors que ceux qui n'en ont qu'un exemplaire subissent une dépigmentation moins puissante.

Lorsque vous cherchez à identifier la robe d'un cheval et que vous croyez qu'il est gris, dites-vous qu'un cheval gris a obligatoirement un parent direct (père ou mère) gris. C'est un gène dominant qui affecte toutes les robes pigmentées.

Autres particularités physiques liées à la robe grise
  • Mélanomes
    Les chevaux gris développent souvent des mélanomes cutanés (surtout dans la région de la queue et de la tête) en vieillissant. Ce ne sont pas tous les chevaux gris qui en développent et ces tumeurs ne se transforment pas nécessairement de manière maligne (consultez votre vétérinaire pour plus d'informations).
  • Dépigmentation de la peau
    Le gène gris ne donne pas des yeux bleus ou une peau entièrement rose comme peuvent le faire d'autres gènes qui affectent la pigmentation. Cependant, les chevaux gris peuvent démontrer de la dépigmentation de la peau autour des yeux, sur le bout du nez, autour de la bouche et dans la région de l'anus. Ceci se présente sous la forme de « taches roses » et ne constitue pas un risque pour la santé de l'animal.
Questions/Réponses

Un poulain bai peut-il naître d'un étalon noir et d'une jument alezane?

Oui, cela peut arriver si la jument alezane est porteuse du gène dominant qui donne le bai (A).

Mon cheval est supposé être noir, mais il ne l'est pas tout à fait. Il pâlit beaucoup au soleil et prend des teintes brunes. Est-il bai?

Pas nécessairement, beaucoup de chevaux noirs pâlissent au soleil et cela est particulièrement fréquent chez les chevaux Canadiens. Il faut aussi se souvenir que l'eumélanine n'est pas toujours d'un noir profond et qu'elle peut s'exprimer dans des teintes plus brunâtres. Dans le doute, vous pouvez faire soumettre votre cheval à des tests génétiques pour vérifier s'il est porteur, ou non, du gène dominant qui donne le bai (A).

Ma jument de 15 ans est noire, mais son grand-père était gris. A-t-elle des chances de donner le gène gris à son futur poulain?

Non, aucune chance. Si son grand-père lui avait transmis le gène gris, la jument serait certainement grise. Elle n'est pas grise, elle n'a pas reçu le gène, alors elle ne peut pas le donner à son poulain.

Mon cheval alezan de 10 ans a des petits poils blancs par-ci, par-là dans sa robe, est-il en train de devenir gris?

À 10 ans, il serait très étonnant qu'un cheval gris ne soit pas, déjà, entièrement en phase de grisonnement avancé. Beaucoup de chevaux non gris ont des petits poils blancs épars dans la robe, ces derniers sont généralement rattachés à des phénomènes communs de patterns ou de marques blanches (nous parlerons de cela dans la partie 4 de cette série d'articles). Chez certains vieux chevaux, aussi, il arrive qu'on voit apparaître quelques poils blancs dans la robe et cela n'est pas lié, non plus, au gène gris.

Journal de L'AQCC, Septembre 2009, pages 14-16 [Voir la version PDF de l'article Partie 2]

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Partie 3 : La dilution crème

Dans les parutions précédentes du Journal, nous avons abordé des notions générales sur la génétique des robes, avons expliqué la composition du noir, de l'alezan, du bai et du gris. Dans le présent numéro, nous abordons la dilution crème (cream dilution) qui est responsable, entre autres, des robes palomino, buckskin, cremello, perlino. C'est cet élément qui se cache dans la génétique de quelques chevaux Canadiens enregistrés « blanc cendre ». En fait, ces chevaux, que plusieurs appellent « Canadiens blancs », ne sont génétiquement pas blancs, même si certains sont tellement pâles qu'ils semblent vraiment blancs ou blanc cassé. Bien sûr, il n'est pas impossible qu'un Canadien soit blanc via une méga dépigmentation de la robe programmée dans une autre paire génétique (ce serait une grande rareté, par contre), mais ce n'est pas la réalité en ce qui concerne les cas de « Canadiens blancs » qui m'ont été présentés.

Il existe plusieurs gènes de dilution chez les chevaux. Outre le crème (cream), on trouve aussi : champagne, perle (pearl, Barlink factor), dun et silver. Cependant, seule la dilution crème est actuellement connue chez le Canadien. Cette dilution donnera des robes différentes selon la composition des autres paires du génotype du cheval.

QUELQUES PRÉCISIONS GÉNÉRALES SUR LE GÈNE DE DILUTION CRÈME

Sur la paire génétique de la dilution crème peut se présenter deux allèles (versions du même gène) : « CCR » et « C ». L'allèle « CCR » est dit « semi-dominant ». Lorsqu'il est présent en simple exemplaire sur la paire génétique (CCR/ C), il dilue le rouge vers une couleur dorée ou sable qui peut s'exprimer de très pâle (presque blanc) à une couleur caramel, selon les individus. En simple exemplaire, il peut aussi avoir un très petit effet visible sur le noir chez certains chevaux.

En version homozygote, soit en double exemplaire (CCR/CCR), il a un plus grand effet de dilution, il dilue le rouge vers une très pâle couleur crème et il dilue le noir vers une pâle couleur crème cendrée, souvent un peu rougeâtre. Le cheval qui reçoit une double dose de l'allèle « CCR » a aussi la peau rose et les deux yeux bleu pâle.

DILUTION SIMPLE (HÉTÉROZYGOTE)

(Pour obtenir un poulain qui a un exemplaire de l'allèle « CCR », au moins l'un de ses deux parents doit être porteur de cet allèle.)

Le palomino

Le palomino est le résultat de l'effet d'un exemplaire du gène de dilution crème « CCR » sur un cheval alezan (ee). Le gène dilue les crins vers une couleur blanc ivoire et dilue les poils du corps vers une couleur dorée qui peut s'exprimer de presque blanc à caramel foncé (variations d'un individu à l'autre). Dans les cas les plus pâles, le cheval peut être confondu avec un cheval blanc.

Le cheval palomino a généralement la peau foncée et les yeux ambrés ou brun pâle (à moins qu'il ne subisse l'effet d'un gène de dépigmentation se trouvant sur une autre paire génétique), cependant, il arrive que l'on retrouve des zones de peau rosée ou mouchetée de rose sur un palomino.

Dans certaines nomenclatures, on indique que pour être « palomino » un cheval ne doit pas avoir plus de 15% de crins foncés. Ceci est, en fait, très arbitraire. Un cheval palomino peut être affecté par le modifiant cendré/souillé (sooty/smutty) dont on a parlé déjà dans les numéros précédents et avoir plusieurs crins foncés dans la queue et la crinière. Ce modifiant peut aussi créer des pommelages cendrés sur son corps (souvent sur les membres, la croupe, mais aussi ailleurs) et peut créer des ombrages plus foncés le long de la ligne dorsale ou ailleurs.

Le buckskin

Le buckskin (appelé souvent « isabelle ») est le résultat de l'effet d'un exemplaire du gène de dilution crème « CCR » sur un cheval bai. Étant hétérozygote dans cette combinaison, le gène ne dilue pas (ou vraiment très peu) les crins puisqu'ils sont noirs, mais il dilue les poils du corps vers une couleur dorée qui peut s'exprimer de sable-blanc à un doré très foncé selon les individus. La partie inférieure des membres demeure noire (ou brun-noir).

Comme le palomino, le cheval buckskin a, lui aussi, généralement la peau foncée et les yeux ambrés ou brun pâle. Il peut, lui aussi, être affecté par le modifiant cendré/souillé (sooty/ smutty) et avoir du pommelage plus foncé et des ombrages sur son corps. Sur certains chevaux, ce modifiant a la possibilité de nous faire croire qu'un cheval buckskin serait plutôt bai tellement il peut foncer la robe… ou qu'il a une raie de mulet et des zébrures aux membres, comme les chevaux duns, mais il crée plutôt des ombrages qui n'ont absolument rien à voir avec le facteur dun. La dilution crème, le dun et le cendré/souillé (sooty/smutty) ne sont pas du tout gérés par les mêmes gènes. De toute manière, il n'y a actuellement aucun véritable dun répertorié dans la race Canadienne, alors, si, dans certaines races comme le quarter horse, certains confondent parfois buckskins et duns, ceci ne devrait pas arriver avec nos Canadiens. Les marques primitives (zébrures, raie de mulet, etc.) du facteur dun sont absentes de la race.

Le réglisse

Le réglisse (smoky black) est un cheval noir porteur d'un exemplaire du gène de dilution crème « CCR ». Ainsi en forme hétérozygote, le gène affecte vraiment très peu la robe et rend généralement difficile la différenciation entre un cheval réglisse et un noir non porteur de l'allèle « CCR ». Un oeil averti pourrait voir, chez certains sujets, des poils plus rougeâtres dans les oreilles, une teinte plus chocolatée ou de « pas tout à fait noire », cependant, comme plusieurs chevaux noirs non porteurs peuvent pâlir au soleil et avoir une teinte parfois brunâtre, cela devient vraiment compliqué. De plus, certains chevaux réglisse semblent vraiment noirs en tous points. Le test génétique demeure le moyen le plus sûr de savoir si le cheval est porteur ou non du « CCR ».

DILUTION DOUBLE (HOMOZYGOTE)

(Pour obtenir un poulain homozygote pour l'allèle « CCR », ses deux parents doivent être porteurs d'au moins un exemplaire de cet allèle.)

Le cremello

Le cremello est le résultat de l'effet de deux exemplaires du gène de dilution crème « CCR » sur un cheval alezan (ee). Les allèles en double diluent le corps et les crins vers une couleur blanc-crème, la peau est rose, les deux yeux bleu pâle. Généralement, on peut voir tout de même la silhouette des balzanes et marques blanches en tête s'il y a lieu, mais il arrive que le cremello soit si pâle qu'on ne les voit pas.

À part la possibilité de rendre la peau exposée plus fragile aux coups de soleil, il n'y a aucun problème de santé sérieux associé au cremello (ou perlino ou crème fumée).

Le perlino

Le perlino est le résultat de l'effet de deux exemplaires du gène de dilution crème « CCR » sur un cheval bai. La forme homozygote permet de diluer le corps en entier (incluant le bas des membres) et les crins vers une couleur ivoire, sable-blanc qui prend souvent des teintes plus rougeâtres là où il y aurait dû y avoir du noir (donc les membres, les crins). Comme pour le cremello, la peau est rose, les deux yeux sont bleu pâle et on peut souvent voir la silhouette des balzanes et marques blanches en tête s'il y a lieu. Parfois, le perlino est difficile à différencier du cremello et du crème fumée (smoky black), il est possible de faire passer un test génétique pour savoir si le cheval est de base noire ou non et s'il est porteur du bai.

Le crème fumée

Le crème fumée (smoky cream) est le résultat de l'effet de deux exemplaires du « CCR » sur un cheval noir. Avec leur influence plus puissante donnée par leur présence homozygote, les deux allèles « CCR » diluent toute la robe en entier vers une couleur crème qui a souvent une teinte un peu rouille (rougeâtre). Comme tous les porteurs de deux exemplaires du « CCR », les yeux sont bleu pâle, la peau est rose et on peut souvent y discerner la présence des balzanes et marques blanches en tête.

Questions/Réponses

Ma jument a le corps roux brun et les crins blonds, est-elle palomino?

C'est une possibilité, mais il se peut, aussi, qu'elle soit simplement une « alezane à crins lavés » (flaxen chestnut). Un test génétique permettrait de trancher.

Un étalon noir et une jument noire peuvent -ils donner un cremello?

Pour obtenir un cremello (double dilué avec yeux bleu pâle et peau rose), il faut que les deux parents soient porteurs du gène de dilution crème CCR. Il est possible que deux reproducteurs qui semblent noirs à l'oeil nu donnent un rejeton cremello ou crème fumée (smoky cream), alors il faudra en déduire que les parents sont, en fait, tous les deux des « réglisses » (smoky black).

Ma jument est vraiment très pâle pour être juste palomino, ne serait-elle pas cremello à la place?

Certains palominos peuvent être tellement pâles qu'ils semblent blancs. Si elle n'a pas la peau toute rose depuis sa naissance et les deux yeux bleus, elle n'est ni cremello, ni perlino, ni crème fumée.

NOTE SUR LE PALOMINO

Le palomino n'est pas une race, mais bien une couleur de robe. Cette robe est connue depuis des siècles dans différentes races très anciennes, notamment chez les chevaux ibériques et barbes ainsi que dans plusieurs races qui en sont les descendantes, comme le quarter horse le tennessee walker, le morgan… et le Canadien. Aux États-Unis, la Palomino Horse Association permet l'enregistrement de chevaux ayant cette robe, mais ce n'est pas la seule association tenant un registre basé sur une robe en particulier, il existe d'ailleurs la International Buckskin Horse Association, la American Dun Horse Association, le International Champagne Horse Registry, etc. Créer des registres pour des robes semble être une grande mode, mais cela ne change pas le fait qu'il ne s'agit que d'une robe!!!

Journal de L'AQCC, Mars 2010, pages 12-14 [Voir la version PDF de l'article Partie 3]

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Partie 4 : Les marques blanches

Dans le précédent numéro du Journal, nous avons présenté la dilution crème (cream dilution) responsable, entre autres, de l'identification de certains Canadiens décrits comme « blanc cendre » ou « blancs ». Nous avons expliqué comment la dilution crème pouvait se présenter chez le cheval Canadien : soit dissimulée plus ou moins efficacement sous une robe d'apparence noire (smoky black), soit visible sur un cheval palomino, buckskin, cremello, perlino ou crème fumée (smoky cream). Cependant, le questionnement se pose toujours : mais un Canadien blanc, vraiment blanc, est-ce possible?

En fait, chez le cheval domestique, le « blanc » est une possibilité. Il est d'une grande rareté que cela puisse couvrir entièrement un cheval, mais c'est une possibilité. Il ne s'agit aucunement d'un cheval albinos, car l'albinisme n'existe pas dans l'espèce. Le blanc n'est pas, non plus, une couleur de base, il s'agit plutôt de marques blanches (white patterns) qui s'ajoutent à tout le reste du génome, des zones dépigmentées. Ces zones peuvent être localisées sur les membres (balzane,…), sur la tête (liste, ladre,…) mais peuvent aussi se retrouver ça et là sur le corps, regroupées ou non, nombreuses ou non, selon des motifs et des combinaisons variés. Elles peuvent aussi être très discrètes dans leur étendue, comme elles peuvent couvrir entièrement le corps du cheval et c'est alors que l'on obtient un cheval dit « blanc ». Cependant, un cheval blanc cache tout le reste de sa génétique des couleurs : sous sa blancheur, le cheval est alezan, noir, palomino, bai,…

Les marques blanches sur un cheval peuvent être causées par différents gènes, plusieurs de ces gènes peuvent affecter la robe du cheval en même temps. Les gènes de marques blanches qui existent dans l'espèce équine ne sont pas tous présents chez le Canadien, d'ailleurs, celui-ci a, le plus souvent, des marques blanches assez discrètes, quoiqu'on en trouve avec des listes et des balzanes plus imposantes et, même, plus rarement, avec de petites zones dépigmentées sur le corps. Voir des balzanes sur un cheval n'indique pas nécessairement que ce dernier est porteur d'un gène susceptible de rendre un de ses poulains tout blanc, loin de là. Il faut garder en tête que les marques blanches sont causées par de nombreux gènes et que seulement certains d'entre eux sont reconnus pour avoir le potentiel de produire, seul ou en combinaison avec d'autres, le rare et presque mythique cheval blanc qui hante la littérature et l'imaginaire collectif humain. Reste à savoir si ces gènes sont présents dans la race Canadienne. Pour le moment, tous les cas de « Canadiens blancs » qui m'ont été présentés proviennent de lignées de chevaux porteurs de la dilution crème et sont, en fait et jusqu'à preuve du contraire, seulement des palominos très pâles et, ce, même s'ils sont si pâles qu'ils semblent blancs. L'allèle crème (cream) responsable, entre autres, du palomino, n'est pas un gène de dépigmentation complète, mais bien un gène de dilution, ce n'est pas du tout un gène qui régit les marques blanches au sens où cela a été expliqué plus haut. Inutile, donc, de croiser des palominos pour tenter d'avoir un cheval blanc, car le plus pâle que vous obtiendrez sera un cremello (une chance sur quatre que vous obteniez ce résultat), ce qui, malgré que cela puisse être confondant pour un observateur ne se fiant qu'à ses yeux, est absolument différent d'un cheval blanc.

PNÉNOMÈNES DE MARQUES BLANCHES DANS L'ESPÈCE

On classe sous le générique de white patterns (marques blanches, motifs blancs) un ensemble de phénomènes génétiques introduisant des zones complètement dépigmentées sur une robe.

Listes et balzanes

Marques aux membres, marques en tête, les listes et balzanes sont bien connues et communes dans l'espèce équine. Elles sont le résultat de plusieurs gènes et, même chez des jumeaux ou des clones, elles s'exprimeront dans des découpages et des motifs variables. Elles sont si variables dans leur forme et leur étendue d'un individu à l'autre, qu'on utilise leur dessin comme élément de description afin de les différencier. Selon la manière et l'étendue dont elles s'expriment, on leur attribuera une certaine nomenclature qui est simplement basée sur le phénotype, soit leur apparence (ceux-ci ne sont aucunement des termes utilisés dans la génétique des robes, mais ont été amplement publicisés par les Haras nationaux de France).

Marques blanches sur les membres :
  • « La TRACE : marque blanche ne faisant pas le tour complet du membre et limitée en couronne dans la plupart des cas, mais pouvant remonter sur le paturon.
  • Le PRINCIPE : marque blanche faisant le tour complet du membre en couronne.
  • Le BRACELET : marque blanche faisant le tour complet du membre sans descendre jusqu'à la couronne.
  • La BALZANE : marque blanche faisant le tour complet de la partie inférieure du membre. »

Les Haras nationaux, Fiches techniques Identification : Les marques blanches sur les membres (IDE 16), Librairie des Haras nationaux, 2006. Document consulté (2010): www.haras-nationaux.fr/portail/uploads/tx_dlcubehnshop/IDE_16_MARQUES_BLANCHES_SUR_LES_MEMBRES_01.pdf

Cette indication est combinée à la description de la bordure des marques qu'on peut définir comme étant : dentelée, irrégulière, échancrée, bordée ou autre. Les marques blanches peuvent aussi être décrites comme herminées, truitées, tachées, selon la couleur et la localisation de ces taches non blanches pouvant être parfois visibles à l'intérieur de la zone décrite. Dans cette nomenclature, les marques blanches aux membres qui montent audessus du coude ou du grasset ne sont pas décrites comme balzanes, mais plutôt comme faisant partie de la description dite « pie », un concept générique dont on ne tiendra pas compte dans le présent article, puisque la nomenclature de la génétique des couleurs est beaucoup plus précise. Retenons simplement, pour le moment, que toutes les marques aux membres ne sont pas de simples « balzanes communes » et que les plus étendues sont généralement liées à des gènes spécifiques, par exemple le tobiano, très présent dans le paint horse (mais absent de la race Canadienne). Cependant, même les plus discrètes peuvent être associées à ces mêmes gènes. Comme quoi, encore une fois, dans l'identification des robes, l'oeil peut facilement vous tromper.

Marques blanches sur la tête :

Les Haras nationaux décrivent également les marques blanches sur la tête selon une nomenclature bien documentée.

D'abord l'en-tête, qui est une tache blanche localisée sur le front, sera décrite selon sa forme (ovale, losange, triangle, étoile, pelote, croissant,…), sa taille (quelques poils en-tête, légèrement en-tête, fortement en-tête,…), son emplacement, son orientation (vertical, horizontal, oblique,…), sa composition (taché, mélangé, bordé, …) et ses particularités (échancré, irrégulier, arrondi en haut,…).

La liste sera aussi décrite selon un ensemble de critères, notamment sa largeur, sa longueur, sa composition, son orientation, ses caractéristiques. Les ladres (dépigmentations sur la bouche ou les naseaux) sont aussi relevés, le tout visant exclusivement à bien identifier l'individu et le différencier d'un autre, mais pas à décrire sa génétique. En fait, ces descriptions n'ont pas beaucoup de valeur pour identifier les phénomènes génétiques sous-jacents, quoique, pour un oeil averti, certaines taches s'associent plus facilement à certains gènes ou phénomènes. Cet oeil averti, malgré tout, encore et toujours, peut facilement être trompé et il faut toujours garder en mémoire que le test génétique demeure le moyen le plus sûr de vérifier les gènes affectant la robe. Dommage que ces tests ne soient pas encore disponible pour tous les gènes.

Autres white patterns

Outre le gris qui modifie graduellement la pigmentation de la robe et outre les marques communes en tête et aux membres (listes, ladres, balzanes, etc.) qui sont régies par un ensemble génétique, on trouve aussi d'autres phénomènes. Quelques uns sont présents dans la race Canadienne, lorsque ceci est le cas, une indication sera ajoutée à la description.

Le rabicano

(Présent dans la race Canadienne.)

Le rabicano est parfois confondu avec le rouan (mais ces gènes sont différents). Il introduit des poils blancs sur les flancs et le tronc de l'animal ainsi qu'à la base de la queue.

Sur la ligne latérale du cheval, on note la présence de ces poils blancs sur les flancs, mais ils peuvent s'étendre le long des côtes, parfois aussi jusque sur le grasset, les épaules, si l'expression du gène est forte. Sur le tronc de l'animal, les poils blancs se présentent en zones rouannées qui, bien souvent (mais pas toujours), semblent vouloir se rassembler sur des lignes verticales plutôt diffuses. À la base de la queue, il peut y avoir quelques poils blancs, comme il peut y en avoir beaucoup plus, ce qui amène souvent une description de queue de putois (skunk tail).

(Ce phénomène n'est pas reconnu pour s'étendre suffisamment pour donner des chevaux blancs.)

Le sabino

(Nous n'avons en main aucune preuve de Canadien testé positif, actuellement, pour l'un de ces gènes, mais, certains d'entre eux peuvent être présents dans la race.)

Le sabino est une nomenclature générique pour un ensemble de phénomènes génétiques produisant des marques blanches qui ont des expressions similaires. En résumé : il y aurait plusieurs gènes impliqués dans les patterns dits « sabinos » et les généticiens en sont encore à les décortiquer. L'un d'entre eux est disponible pour test génétique : le sabino1.

D'ailleurs, le sabino a longtemps, aussi, été confondu, tantôt avec des marques blanches communes en tête et aux membres, tantôt à travers les autres patterns « overos » du paint horse ou avec d'autres nomenclatures.

Ces patterns semblent très présents dans certaines races, d'ailleurs certaines races semblent presqu'exclusivement « sabinos », par exemple le clydesdale. Dans d'autres races, les patterns des gènes sabinos sont plus rares, mais tout de même présents, par exemple dans l'arabe. Par contre, sans test génétique, on ne peut savoir avec certitude qu'un arabe sabino a le même gène qu'un quarter horse sabino et, ce, même si leurs taches ont des points en commun. (À l'heure actuelle, seul le sabino1 peut être comparé, car il est le seul à être disponible au public pour des tests.)

Il faut donc garder en tête que le sabino est encore, dans la littérature, un fourre-tout génétique et qu'il y a des spécialistes qui défendent que seul le sabino1, bien cerné et identifié, doit être retenu pour cette nomenclature. Je me permets, tout de même, de vous présenter, ici, les généralités de ce « fourre-tout » et aussi les données plus précises sur le sabino1 en particulier.

Les marques sabinos :
  • Rouannement à la bordure des marques blanches
  • Taches blanches sur le ventre (belly spots) ou la ligne du dessous
  • Marques en tête irrégulières qui s'étendent parfois à la zone des yeux, aux joues et/ou à la lèvre inférieure
  • Balzanes pouvant s'étendre au-delà de la ligne du genou ou du jarret
  • Taches blanches sur le corps aux contours, le plus souvent, mal définis
  • Zones rouannées localisées en un endroit spécifique sur le corps ou petits poils blancs très dispersés
  • Les membres peuvent ne pas tous avoir des marques blanches (parfois, il n'y a qu'une seule balzane), mais beaucoup ont des marques aux quatre membres.
  • Les yeux sont, le plus souvent, de couleur marron, mais on trouve aussi, parfois, des yeux bleus.

Le cheval n'a pas besoin de présenter tous ces éléments pour être « sabino ». Le sabino peut s'exprimer de façon minimale et passer inaperçu, comme il peut s'exprimer fortement jusqu'à un cheval blanc ou presque. Dans le fourre-tout génétique du sabino, seul le sabino1 en forme homozygote (SB1/SB1) est connu pour produire le fameux maximum white sabino (cheval blanc ou presque tout blanc).

Sabino1

(Aucun cas reconnu, actuellement, chez le Canadien.)

Le cheval sabino1 hétérozygote (N/SB1) a une seule copie du gène. Le plus souvent, ce cheval aura deux membres marqués ou plus, une marque en tête, des taches ou du rouannement au niveau du ventre (ou section centrale) et les marques blanches auront des bordures dentelées.

Le cheval sabino1 homozygote (SB1/SB1) a deux copies de l'allèle sur la paire génétique. On le dit « sabino blanc » (maximum white sabino) : le cheval est visuellement blanc (avec peau entièrement rose) ou presque tout blanc. (Aucun problème de santé n'est reconnu pour y être relié.)

Le cheval Canadien étant peu marqué, généralement, il est vraiment très peu probable que ce gène soit commun dans la race. Certains sujets avec de bonnes marques en tête et aux membres avec des rebords dentelés pourraient être testés, mais, nous attendrons d'avoir une preuve de test positif avant d'oser indiquer que le sabino1 est présent dans la race. Pour le moment, vu l'absence visible de maximum white sabinos, considérons que le sabino1 n'y est fort probablement pas présent.

Le blanc dominant (dominant white)

(Absent de la race Canadienne jusqu'à preuve du contraire.)

Comme le nom l'indique, il s'agit d'un gène dominant (donc qui affecte automatiquement la robe du cheval qui le porte). Contrairement au sabino1, le cheval n'a qu'à recevoir une copie de l'allèle de l'un de ses deux parents pour être blanc.

Le cheval blanc dominant (dominant white) est visuellement tout blanc ou presque tout blanc, avec la peau rose. Sa présence n'affecte pas la couleur des yeux de l'animal, alors ils sont, le plus souvent, marrons à moins qu'un autre phénomène génétique en modifie la couleur. Le blanc dominant est rare, mais s'est présenté dans plusieurs races. Il a été analysé, entre autres, dans l'arabe et le thoroughbred. Plusieurs variantes ont déjà été identifiées. En fait, il s'agit d'une mutation génétique soudaine pouvant survenir au locus KIT, mais, suite à son apparition, l'allèle peut être transmis à la progéniture et devient dominant.

Pour ceux qui espèrent qu'un jour cette mutation arrive soudainement chez le Canadien, je souligne que les chances sont plus grandes de gagner le gros lot à la loterie. De plus, pour le moment, aucun cheval blanc dominant homozygote (porteur de deux copies de l'allèle) n'a été découvert, si bien que nous pouvons soupçonner que cela donnerait des embryons peut-être non viables si présents en double exemplaire. Pour le moment, cette théorie n'a pu être testée. Par contre, il semble que les chevaux hétérozygotes pour le blanc dominant (une seule copie de l'allèle) n'ont pas de problèmes spécifiques de santé liés à ce gène, outre le fait que leur nez rose a tendance à être plus fragile aux coups de soleil.

Les taches de Birdcatcher

(Présent dans la race Canadienne.)

Les taches de Birdcatcher (Birdcatcher spots) portent le nom d'un thoroughbred qui en présentait. Ce phénomène est encore inexpliqué et son origine génétique n'est pas prouvée, on note son apparition dans plusieurs races. Les taches de Birdcatcher sont blanches et plutôt rondes, elles ont un diamètre allant, généralement, d'un millimètre à trois centimètres et apparaissent sur la robe. Elles ont l'aspect de flocons de neige, sont en nombre variable selon les individus et évoluent dans le temps. Elles peuvent même, à un certain moment, complètement disparaître.

Le rouan (roan)

(Absent de la race Canadienne. Si, toutefois, vous souhaitez soumettre un cas possible, envoyez les informations et les photographies à nathalielevesque@rocketmail.com. Nous le présentons plus en détail ici pour le différencier du rabicano et de certains rouannements pouvant être amenés par l'un des gènes du « fourre-tout sabino ».)

Le gène rouan (roan) est un gène dominant, il introduit des poils blancs dans la robe. Ces poils ne sont généralement pas regroupés en taches, quoique des zones plus fortement rouannées peuvent donner l'impression d'une tache blanche ou presque blanche. Le gène rouan affecte peu la tête, le bas des membres et la tête du cheval qui semblent alors d'une couleur plus « solide ». Selon la robe sur laquelle le rouan se superpose, on décrira le cheval de noir rouan (black roan, blue roan), de bai rouan (bay roan), d'alezan rouan (chestnut roan, red roan), de palomino rouan, etc. (La description d'un cheval rouan comme étant un cheval à poils noirs, blancs et rouges mélangés est dépassée, méfiez-vous des textes francophones que l'on trouve sur Internet et dans les monographies qui sont trop souvent calqués sur la nomenclature française.)

Autres white patterns absents de la race Canadienne :
  • le tobiano, le frame overo, le splash white overo – souvent vus dans le paint horse
  • les motifs appaloosas (appaloosa patterns, leopard complex) – souvent vus dans l'appaloosa, le poney des Amériques, le knabstrup

Certains de ces patterns peuvent produire des chevaux blancs, notamment le tovero blanc (maximum white tovero) qui est un cheval dont les taches du tobiano et de son(ses) pattern(s) overo(s) se superposent pour le couvrir entièrement de blanc. Certains motifs appaloosas, aussi, comme le few spots leopard, peuvent donner un cheval qui est presque tout blanc d'apparence.

Blanc et létal?

Bien sûr, il y a des éléments génétiques qui peuvent être dangereux pour la santé d'un être vivant quand ils se retrouvent combinés. Chez le cheval, c'est le cas du « syndrome du poulain blanc ». Le gène associé à ce syndrome est le frame overo qui est très présent dans le paint horse. Ce gène, qui est l'un des trois principaux pouvant produire de l'overo, est le seul gène de patterns blancs pour lequel nous avons preuve d'un effet mortel.

En fait, si le poulain ne reçoit qu'une seule copie du gène (hétérozygote), il n'y a absolument aucun problème. Cependant, s'il reçoit deux copies du gène (homozygote), le poulain qui sera, alors, blanc, aura un destin court et tragique, en fait, c'est une question d'heures, car la double dose du frame overo produit des anomalies au niveau des intestins (ileo colonic aganglionosis).

Mais ce gène, le frame overo, est absent de la race Canadienne. Il n'y a donc pas à avoir peur pour la survie d'un éventuel, rare, hypothétique et presque miraculeux poulain Canadien blanc, car il serait blanc pour une autre raison génétique, un phénomène qui ne concerne pas le frame overo.

En résumé

La naissance d'un Canadien blanc, vraiment blanc, n'est pas « impossible », mais il ne semble pas y avoir, actuellement, dans la race, les allèles génétiques qu'il faudrait pour que cette situation se présente. Aussi, si vous voyez apparaître un poulain Canadien si pâle dans votre champ, demandez-vous, premièrement, s'il est issu d'une lignée pouvant être porteuse du gène de dilution crème, car, dans ce cas, le palomino devrait être votre première suspicion. Bien sûr, le cremello, le perlino et le smoky cream sont, dans ce cas, aussi des possibilités. Le test génétique reste le meilleur moyen de savoir avec exactitude. Le laboratoire de génétique vétérinaire de UCDavis (Université de Californie) offre ce genre de services. Pour informations, consultez leur site web : www.vgl.ucdavis.edu/services/coatcolorhorse.php

Questions/Réponses

Mon étalon a une liste large et de bonnes balzanes dentelées, peut-il donner un poulain blanc?

Les balzanes et les listes sont gérées par un ensemble de gènes. Dans le Canadien, les chances que l'un des gènes impliqués puisse donner un cheval blanc sont plus que minces. Dans le doute, faites passer un test génétique à votre étalon pour le sabino1.

Si ma jument donne naissance à un poulain vraiment blanc, est-ce qu'il va survivre?

Il ne risque pas plus la mauvaise santé qu'un autre. La hantise du syndrome du poulain blanc peut être présente dans d'autres races, comme le paint horse, mais certainement pas dans le Canadien. Le gène responsable de l'OLWFS (overo lethal white foal syndrom) est absent de la race.

Journal de L'AQCC, Mars 2010, pages 16-19 [Voir la version PDF de l'article Partie 4]

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Conclusion

Le présent numéro du journal vient clore ma série d'articles sur la génétique des couleurs. Dans cette série, qui se sera étalée sur toute une année, je vous ai présenté, le plus clairement et simplement que je le pouvais, des informations sur les éléments génétiques qui se cachent derrière ces belles couleurs de robes que nos chevaux Canadiens affichent et qui nous posent, parfois, tout un casse-tête quand vient le moment de les identifier.

Dans cette conclusion, je me permets d'adopter un point de vue plus personnel et de vous raconter mon parcours vers la publication de ces textes ainsi que mes commentaires sur certaines problématiques particulières dans le casse-tête de l'identification des robes chez ma race chérie : le Canadien.

L'AFFAIRE DES MYSTÉRIEUX « CANADIENS BLANCS »

L'idée de cette série d'articles pour le Journal m'est venue après avoir consulté quelques fiches d'enregistrement de chevaux Canadiens où apparaissent des identifications de robes plutôt inusitées pour ce que je connaissais de cette race et de la génétique des couleurs en général : des chevaux Canadiens identifiés « blancs » et même « champagne » qui sont des robes assez rares dans l'espèce équine (leur présence et leur fréquence varie selon les races). Ma curiosité était piquée et il n'en fallait pas plus à la fan de génétique des robes équines que je suis pour ouvrir mon « enquête ». De fil en aiguille, de contact en contact, je me suis renseignée auprès de certains éleveurs et propriétaires afin d'obtenir davantage d'information ainsi que des photographies de ces fameux chevaux. Je cherchais à élucider l'affaire du « Canadien blanc » et mes travaux m'ont permis d'identifier un « suspect » : le gène de dilution crème que l'on connait dans un grand nombre de race comme pouvant produire des palominos dorés, mais aussi des beaucoup plus pâles, tellement qu'ils peuvent sembler blancs (voir l'article Partie 3 du numéro de mars 2010 pour de plus amples informations). Mes suspicions ont, par la suite, été confirmées par des tests génétiques auxquels des propriétaires ont soumis certains chevaux de la lignée concernée. En clair : des tests effectués en laboratoire sur les crins d'un étalon Canadien dit « blanc » et d'un rejeton de la lignée de Canadiens dits « blancs » ont révélé la présence de la dilution crème dans le génotype. La preuve existe, nous avons du palomino et du smoky black et fort probablement, aussi, des Canadiens buckskin (il suffirait de les tester pour le prouver hors de tout doute, il est souvent assez facile de les identifier visuellement). Nous avons aussi la possibilité de « double dilués » (homozygotes) à la peau rose et aux yeux bleu clair que sont les cremellos, perlinos et smoky cream. Actuellement, les « doubles dilués » sont rares (je dirais même encore absents, jusqu'à preuve du contraire), probablement parce que la dilution crème semble associée à une seule lignée particulière, soit celle dont fait partie l'étalon Pharraud et ses descendants. N'empêche qu'au fil des ans, il est plus que probable que l'on voit apparaître des cremellos, perlinos et smoky cream à l'occasion dans la race, ceci serait dans l'ordre naturel des choses.

Pour revenir aux inusitées identifications de robes dans les enregistrements, bien sûr, comme cela a été expliqué dans la partie 4 publiée en juin 2010, une robe « blanche » chez le cheval n'est pas du domaine de l'impossible, cependant, les éléments génétiques pouvant la produire ne semblent pas présents dans la race Canadienne actuellement, du moins, nous n'en avons aucune preuve. Et, pour ce qui est de la dilution « champagne », il s'agit d'un gène différent de la dilution crème. Elle produit des signes visuels particuliers qui sont souvent faciles à voir dans le phénotype, notamment sur les poils, bien sûr, mais aussi sur la peau. Bien que présente dans certaines races, comme le quarter horse et le Tennessee walker, il n'y a actuellement aucune preuve crédible de sa présence chez le Canadien. La mutation dans le gène SLC36A1 qui est associée à la dilution champagne peut être testée en laboratoire, il vous est toujours possible de faire analyser les crins du cheval si vous le croyez porteur.

DES NOIRS ET DES MOINS NOIRS

Un autre élément qui me chatouillait la fibre fouineuse était ce que j'entendais à propos des Canadiens noirs. Oh! Le beau casse-tête! « Celui-ci est un vrai noir, l'autre est un faux car sa robe roussit sous le soleil. » « Celui-là n'est pas noir parce qu'à côté de ma vieille jument qui est noire comme une mûre, il semble brun. » « Mais… Noir, c'est supposé être « noir »? Pas brun foncé en tout cas! »

Eh bien! Quand on parle d'une robe « génétiquement noire », il est simplement important de se rappeler que nous ne comparons pas des teintes sur des palettes de peintures pour la décoration intérieure. L'eumélanine du cheval noir peut se présenter d'une teinte noire très profonde comme plus brunâtre, tout comme la phéomélanine du cheval alezan peut avoir des teintes qui sont un peu différentes d'un alezan à l'autre (voir la Partie 1 publiée dans le numéro de septembre 2009). Toutefois, j'ai effectivement remarqué que beaucoup de Canadiens noirs ont tendance à pâlir sous les rayons du soleil et que plusieurs ont aussi une teinte plus brunâtre, cela semble assez commun. Je ne balaie pas du revers de la main qu'il puisse y avoir une explication génétique quelconque à cela, une raison qui pourrait concerner ou ne pas concerner spécifiquement les gènes associés à la robe, peut-être ce sujet pourrait intéresser des généticiens aussi (la science continue d'avancer et de faire des découvertes), mais qualifier d'office ces chevaux de « bruns » serait une erreur. Un cheval génétiquement « noir » peut avoir des teintes plus brunâtres et cela ne nécessite pas d'office la présence des modifiants bai ou seal brown, de la dilution crème ou de l'alezan.

DES TESTS GÉNÉTIQUES

Bien souvent, l'aspect visuel parle de lui-même. D'ailleurs, dans l'identification d'une robe, nous nous servons aussi de nos yeux, nous regardons la robe du cheval à la naissance, son évolution jusqu'à l'âge adulte, la robe des parents, la robe des descendants quand il y en a. Ce sont de bons indices, mais ce ne sont pas les indices les plus « sûrs ». Comme je l'ai souvent répété dans mes précédents articles, nos yeux peuvent facilement nous tromper. Mon but premier dans cette série d'articles était de donner des outils aux éleveurs et propriétaires de chevaux Canadiens pour mieux identifier la robe, démystifier certains phénomènes et identifier des erreurs communes. Je me place dans la tête d'un éleveur qui regarde son nouveau poulain dans le pré, un beau bébé qui semble blanc, et je comprends que l'identification puisse être embêtante, surtout en considérant que le poulain va éventuellement muer et que sa robe va encore changer dans les futurs mois. Cependant, si l'on connaît la robe des parents, que l'on comprend comment les gènes agissent et lesquels sont communs et présents dans la race, on est plus à même de s'aiguiller sur une bonne piste. Déjà, je crois qu'à la lumière des informations fournies dans cette série d'articles, si ce poulain est de la descendance de la lignée dont fait partie l'étalon Parraud, je suis certaine que plusieurs auront un petit doute sur la raison génétique de cette couleur si pâle!

Au cours des derniers mois, plusieurs cas d'identification de robes un peu « spéciales ou embêtantes » m'ont été présentés. Dans certains cas, les propriétaires émettaient des hypothèses sur des gènes qui ne sont pas actuellement connus pour être présents dans la race (par exemple les dilutions silver, champagne et le facteur dun). Pour toutes ces autres robes, ces gènes que vous croyez peut-être cachés dans l'ADN de votre cheval parce qu'il a une « teinte » un peu spéciale, il faudrait vraiment, pour le bien de la race, faire tester les crins de l'animal en laboratoire avant de statuer (si les tests sont disponibles pour les gènes concernés). Le silver, le champagne, le dun (ainsi que le sabino1, la dilution perle et nombre d'autres) sont des gènes de couleurs dont on n'a aucune preuve crédible de la présence dans la race et le casse- tête est suffisamment compliqué sans y ajouter des éléments (peu probables dans la race) qui n'ont pas été vérifiés. Je cherche toujours à compléter mes informations sur la génétique des robes du Canadien, alors je suis preneuse de toute nouvelle information concernant ce sujet. Je remercie à l'avance tous ceux qui souhaiteront me tenir informée des résultats des tests en laboratoire effectués pour leurs chevaux Canadiens enregistrés.

Voici quelques laboratoires qui effectuent des tests de génétique de robes équines :

TERMINOLOGIE/NOMENCLATURE UTILISÉE DANS LA SÉRIE D'ARTICLES

Il existe de nombreuses nomenclatures de robes équines, beaucoup sont associées spécifiquement à des races (les registres de races ayant généralement leurs termes de description « acceptés ») mais certaines sont indépendantes des associations de races. C'est le cas, par exemple, de la nomenclature des Haras nationaux de France dont on trouve trace abondamment dans la littérature équestre francophone qui nous provient d'Europe. En 1999, les Haras nationaux ont mis à jour leur nomenclature pour faire un peu de place aux nouvelles découvertes en matière de génétique des robes, mais cette nomenclature demeure encore principalement axée sur le phénotype et elle devient facilement encombrante lorsqu'on souhaite utiliser sa terminologie dans le cadre de la génétique. Aussi, il est plus commun pour les gens s'intéressant à cette sphère d'étude d'utiliser le vocabulaire présent dans la littérature scientifique qui y est spécifique. Cette dernière est très souvent anglophone et c'est la raison pour laquelle de nombreux termes de la nomenclature des robes utilisée en génétique n'ont pas nécessairement d'équivalent français officiel.

Les termes tels « silver dilution», « cream dilution», « pearl » ou « barlink factor », « agouti », « champagne », « sabino 1 » sont abondamment utilisés dans la littérature scientifique ainsi que par les laboratoires de tests génétiques. Ce sont des termes qui sont, pour la plupart, relativement jeunes, étant apparus au fil des découvertes scientifiques et ayant été conservés par la suite. Certains termes beaucoup plus anciens comme « palomino », « alezan » (chestnut), « bai » (bay) ont continué à être utilisés dans la littérature de la génétique des couleurs, car ils faisaient référence à des robes pouvant être associées à des gènes précis.

Voici, en exemple, quelques sources qui utilisent la nomenclature de la génétique des robes :

LE MOT DE LA FIN

Une série d'une année pour ne faire qu'un survol, une introduction au casse-tête de la génétique des couleurs chez le Canadien. J'espère sincèrement que les articles vous ont plus et je vous invite à me faire parvenir vos questions ou commentaires et à me soumettre vos « cas particuliers », s'il y a lieu. Gardez l'oeil ouvert sur les futures découvertes de la génétique des robes équines et sur toutes ces belles couleurs, aussi, qui prennent vie dans les poils et les crins de nos Canadiens!

Journal de L'AQCC, Septembre 2010, pages 21-24 [Voir la version PDF de l'article Conclusion]

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